Devenir parents est toujours une aventure, mais pour certains, l’aventure démarre avant même la
conception de l’enfant : ceux qui font appel à la Procréation Médicalement Assistée, dite PMA. On pourrait penser que cette PMA est un acte purement physique. Alors…
Pourquoi une psychologue en parle ?
Tout simplement parce que cette aventure, cette épreuve, engendre toujours un
bouleversement émotionnel. Il peut être nécessaire d’en parler à quelqu’un de neutre, qui écoute avec
bienveillance. Cette démarche peut s’effectuer seul(e) ou en couple. Dans certaines situations, seul un
membre du couple ressent le besoin d’aller déposer ses émotions, parfois il faut y aller à deux…Chaque
situation est unique, chaque démarche, chaque annonce est différente et chacun le vit à sa façon, comme il
peut !
Dès lors que la décision d’entrer en protocole PMA est prise, il peut être bénéfique de consulter un
psychologue, que ce soit pour travailler le lâcher-prise, le sentiment d’injustice, la culpabilité parfois, ou
toute autre émotion qui nous envahit et qu’il nous est impossible de réguler seul. Accepter d’entrer dans
un protocole PMA équivaut à faire le deuil d’avoir un enfant de façon « normale », « comme les autres ».
L’entourage, ces personnes qui vous veulent du bien
Il est déjà difficile pour le couple de prendre cette décision, mais il doit souvent faire face également à la
bienveillance de son entourage, et à leurs phrases de réconfort toutes faites de type « c’est dans ta tête »
(où la personne entend « c’est de ta faute, c’est toi qui bloques »), « tu verras, ça arrivera quand tu n’y
penseras plus !! » (comme s’il était possible d’appuyer sur un bouton « off » pour ne plus y penser), …
Alors non ! Tout n’est pas « dans la tête ». Il existe une réalité physique. Et quand bien même il existe un
réel blocage psychologique, ce n’est pas en se disant qu’il faut « s’auto-débloquer » qu’on y arrive !! De
la même façon, il est souvent compliqué d’assumer le regard de l’Autre. Annoncer à son entourage qu’on
entre en protocole PMA expose de fait à tous le fait qu’on n’arrive pas à avoir d’enfant naturellement. Et
ensuite l’entourage pose des questions auxquelles la personne ou le couple n’a pas toujours envie de
répondre, du type
« alors vous en êtes où ? », « vous reprenez bientôt le protocole ? », …
On pourrait croire qu’il suffit de ne pas en parler… Mais ne pas l’annoncer entraîne d’autres maladresses « Vous ne
voulez pas d’enfants ? », « A ton âge, il faut se dépêcher… Plus vous tardez, plus ce sera difficile !! »),
« Tu es fatiguée ?? Imagine si tu avais des enfants !!! », … Ces personnes n’y sont pour rien : elles ne
savent pas. Mais toutes les paroles ravivent constamment votre douleur, votre frustration.
Dans les premières tentatives, il n’est pas rare qu’il soit assez aisé d’en parler. Mais les échecs se
succédant, il est plus difficile de le partager avec les autres. Souvent on en vient à cacher le fait d’avoir
redémarrer un protocole et on fait preuve de beaucoup d’imagination pour décliner des invitations,
expliquer une absence, se cacher dans la salle de bain ou les toilettes pour faire son injection à la bonne
heure, … On se projette alors dans un potentiel futur échec et non pas dans une possible réussite. Tout
cela engendre un stress supplémentaire qui n’est bien évidemment pas le bienvenu !!
Le stress n’est d’ailleurs pas le meilleur ami des personnes en protocole PMA tout au long de leur
parcours. Il a des répercussions psychologiques, mais également physiques : il perturbe chez la femme
l’ovulation, la fécondation, et joue un rôle non négligeable dans les fausses-couches. Chez l’homme, il
influe sur la production de spermatozoïdes. C’est pourquoi il est indispensable de gérer son niveau
d’anxiété par tout moyen non médicamenteux : naturopathie, relaxation, sophrologie, … Il faut trouver la
solution qui convient à chacun, découvrez mes accompagnement ici : https://naturopathe-pau.fr/naturopathie/accompagnement-fertilite/
Et le couple dans tout ça ?
Le stress n’est évidemment pas le seul problème à surmonter durant ce parcours. Garder une vie de couple
dans cette épreuve : quelle galère !! Quel que soit le protocole engagé, la vie de couple, et d’autant plus la
vie sexuelle du couple, est mise à mal. Comment maintenir le désir quand il s’agit de faire l’amour tel
jour à tel heure de façon imposée et connue du staff médical, de ne pas le faire de tel jour à tel jour, qu’il
faut subir des injections d’hormones quotidiennes, que l’on voit son corps ou le corps de l’autre changer
(prendre du poids, en perdre, avoir des hématomes, souffrir…). Quant à l’intimité du couple, qu’en dire ?
L’intimité est médicalisée, exposée… Il peut exister un véritable sentiment de perte d’intimité et entraîner
par conséquent une baisse majeure de libido.
Le couple dans cette épreuve est mis à mal : les deux membres du couple vivent le même protocole, mais
chacun avec sa propre réalité, ses propres examens médicaux. Il est difficile de rester unis dans ce cadre-
là et pourtant si important…
Dans un couple hétérosexuel
le traitement hormonal repose quasi exclusivement sur la femme, quelle que soit la raison de l’entrée en PMA. Que l’infertilité soit féminine,
masculine ou mixte, la femme doit faire les injections quotidiennes et supporter les conséquences
physiques et émotionnelles afférentes. Cela peut engendrer un sentiment de culpabilité chez l’homme
voire d’impuissance. Consulter un psychologue peut permettre à l’homme de retrouver sa place au sein du
couple, et à la femme de se sentir soutenue par son partenaire lors de tous les rendez-vous médicaux
(examens gynécologiques, intervention chirurgicale, transferts, …).
Dans un couple homosexuel
la question ne se travaille pas de la même façon, les enjeux ne sont pas les
mêmes. Pour autant, faire le choix de celle qui supportera le protocole n’est pas anodin. En effet, elle
devra supporter tout le protocole médical physiquement et émotionnellement. Sa conjointe, devra trouver
sa place pour l’accompagner au mieux et se projeter également dans le futur qu’elles envisagent.
Pour devenir maman pas besoin d’être en couple
Quant aux femmes qui font le choix d’entrer dans un protocole PMA seule, sans conjoint dans le projet,
cette aventure peut être très lourde à porter seule ! Même si le désir d’enfant est si présent qu’il pousse à
accepter toutes les contraintes, il n’empêche qu’il peut y avoir des moments où l’envie d’abandonner peut
être très présente du fait de ne pas pouvoir partager ses espoirs, ses craintes, ses angoisses, avec un
partenaire.
La sortie des protocoles
Bien entendu, certain( e)s arrivent à avoir des enfants grâce à ces protocoles. Mais il est également
nécessaire de se préparer à l’idée que peut-être ce ne sera pas le cas… Il faudra alors envisager le futur
autrement…. Certains tenteront un protocole grâce à des dons (sperme et/ou ovocytes), d’autres se
tourneront vers l’adoption, d’autres encore décideront de ne pas avoir d’enfants.
Dans tous ces moments, quelle que soit la raison, il peut être nécessaire d’être accompagné et ne pas
hésiter à faire appel à un psychologue professionnel , formé à l’écoute pour livrer toutes les craintes que
l’on peut avoir sans peur du jugement.
Cet article a été rédigé en collaboration avec Juliette DUBUN, Psychologue Clinicienne,