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La mutation du gène MTHFR, un souci fréquent dans la fertilité

Cet article sur la mutation du gène MTHFR reprend différentes études scientifiques. Quel est l’intérêt de la prise en compte le plus rapidement possible de cette mutation lors de situations d’infertilité que ce soit chez la femme ou chez l’homme. Comment va t’on pourvoir trouver des solutions afin de résoudre cette problématique et améliorer votre fertilité.

MTHFR, c’est quoi? Quel est son rôle dans la fertilité?

MTHFR (Methylenetetrahydrofolate reductase), un peu compliqué à prononcer !

Pourtant, ces 5 lettres sont capitales pour votre fertilité. Commençons par un peu de théorie afin que vous puissiez comprendre la complexité du processus. Nous pensons que la compréhension des processus est la première étape de la solution. 

La MTHFR est une enzyme qui a une fonction bien spécifique dans le cycle des folates (cycle de transformation de l’acide folique en sa forme active). Son rôle est de transformer l’acide folique (B9) en 5 Methyl-tertahydrofolate (5MTHF), soit la forme bioactive de la vitamine B9.

La 5MTHF joue un rôle majeur dans la fertilité puisqu’elle permet de transformer l’homocystéine en méthionine et cystéine.

La méthionine est essentielle au processus nommée méthylation. La méthylation est capitale pour stabiliser l’ADN et favoriser une division/duplication cellulaire efficace. 

La cystéine, quant à elle, est nécessaire à la production du glutathion, molécule fortement antioxydante et protectrice du foie et de nos cellules les plus volumineuses comme les spermatozoïdes et les ovocytes. Ainsi, avec une diminution du 5MTHF (forme active de l’acide folique), de nombreux processus se trouvent diminués et insuffisamment efficaces.

Cela entraîne notamment un déficit en méthionine et cystéine avec un impact négatif sur la qualité de la duplication de notre ADN et donc de nos cellules. Les ovocytes et les spermatozoïdes subissent pendant toute leur maturation des phases successives de division et duplication intense.

N’oublions pas l’embryon qui pendant ses deux premiers mois de vie subira un niveau de duplication cellulaire tout à fait exceptionnel. L’endomètre est également soumis à des processus de prolifération cellulaire très actifs pendant ses phases d’épaississement, à chaque cycle, en vue d’accueillir un embryon. Il est donc facile de comprendre à quel point une division cellulaire efficace et le 5MTHF sont capitaux dans la reproduction. 

Le rôle de l’acide folique actif, 5MTHF, est primordial dans la qualité des ovocytes, des spermatozoïdes et de l’endomètre. Par conséquent, une mutation du gène codant pour MTHFR peut diminuer jusqu’à 75% l’activité de l’enzyme MTHFR, diminuer la transformation de l’acide folique en 5MTHF, et avoir des conséquences importantes sur la reproduction, autant chez l’homme que chez la femme. 

Quelles sont les conséquences d’une mutation MTHFR?

Les répercutions d’une mutation du gène MTHFR chez la femme sont bien connues, avec une augmentation de l’homocystéine, associée à une diminution des chances de grossesse et d’implantation, mais aussi l’augmentation du risque de fausses couches. Certaines études ont même été jusqu’à observer qu’une mutation augmente le risque d’embryon aneuploïde (embryon qui n’a pas le bon nombre de chromosome et ne va donc pas évoluer).

Un rapport médical a également reporté le cas d’une femme qui s’orientait vers le don d’ovocyte à cause d’antécédents de fausses couches et une insuffisance ovarienne prématurée. Après 3 mois de traitement sous méthylfolate ou 5MTHF (forme métyhlée de l’acide folique), elle a pu concevoir naturellement. Cette étude de cas a ainsi mis en avant l’intérêt du 5MTHF dans la qualité des ovocytes et la probabilité de réussir à procréer avec ses propres ovocytes.

Chez l’homme, certaines recherches observent notamment des effets directs de l’homocystéine sur la décondensation de l’ADN spermatique, c’est-à dire la capacité de l’ADN à se déplier pour effectuer une duplication cellulaire efficace. Ce phénomène a donc un impact fort sur la qualité de la spermatogenèse et du matériel génétique et épigénétique transmis. Ainsi, si le gène est muté et l’activité de l’enzyme diminuée, il faudra apporter directement la forme active de l’acide folique, la 5MTHF, afin de contourner l’activité diminuée de l’enzyme.

Quels sont les types de mutations MTHFR?

Il existe deux types de mutations sur le gène MTHFR, la mutation 677, apparemment plus impactante, et la mutation 1298, qui semble avoir un impact faible sur l’homocystéine. Rappelons que plus l’homocystéine est élevée, plus la probabilité d’une bonne division cellulaire est faible.

Même si seule la mutation 677 actuellement a été validée impactante sur l’homocystéine, une étude récente a observé que 84% des personnes en situation d’infertilité présentent des mutations. On imagine donc que le rôle de ce gène sur la fertilité et indépendamment de l’homocystéine doit encore être élucidé.

Une autre étude, a également pointé l’effet de la mutation 1298 sur l’augmentation de la survenue d’aneuploidie (nombre de chromosomes anormal) chez l’embryon,

ayant un impact évidemment majeur sur les chances de grossesse…

Une mutation peut aussi toucher les deux allèles du gène. On parle alors de mutation homozygote et, en effet, ce sera dans ce cas plus marqué.
Si la mutation touche une seule allèle, on parle de mutation hétérozygote. Elle s’exprimera tout de même mais légèrement moins.

Comment détecter une mutation du gène MTHFR?

Une simple prise de sang permet d’indiquer si oui ou non vous avez une mutation de ce gène. Celle-ci n’est malheureusement pas proposée en première intention lors d’une situation d’infertilité et n’est pas remboursée.

Vous pourriez donc commencer par un  dosage plus simple de l’homocystéine qui sera déjà un bon indicateur de l’impact d’une mutation.

Si l’organisme parvient à épurer l’homocystéine et que son taux reste assez bas, cela indique qu’il n’y a probablement pas de mutation (677, en tout cas) ou que celle-ci est peu impactante.

En cas de fausses couches répétées, une recherche des deux mutations semble pertinente.

Quel est le bon dosage de l’homocystéine? En fertilité, il sera idéal, pour l’homme et la femme, de viser une homocystéine inférieure à 9 umol/L. Les guidelines médicales conseillent quant à elles actuellement un résultat inférieur à 10 umol/L.

Quelles sont les solutions en cas de mutation du gène MTHFR?

Compte tenu de la prévalence des mutations du gène MTHFR dans la population infertile, je conseille systématiquement un apport en folates sous la forme active 5MTHF (méthylfolates), ainsi qu’un complexe de vitamines B pour une assimilation maximale. Cela permet ainsi à chaque couple d’optimiser de nombreux facteurs liés à la reproduction.

Si vous êtes dans un parcours de PMA ou en situation d’infertilité, discutez avec votre médecin de la pertinence du dosage de votre homocystéine et/ou de la recherche des mutations du gène MTHFR. L’homocystéine est un premier indicateur, moins onéreux, qui sera déjà un bon indice et pourra vous indiquer s’il est nécessaire de vous complémenter de façon spécifique.

Est-ce que prendre des compléments alimentaires avec méthylfolates suffira à améliorer ma fertilité?

Si c’est votre principal problème, oui, cela pourrait fortement aider! Néanmoins, en temps que système complexe, notre corps peut être “déréglé” à plusieurs niveaux surtout lorsqu’une des fonctions principales, le cycle des folates notamment, ne se produit pas comme il faudrait. L’idéal étant de faire le point avec votre naturopathe spécialiste en fertilité et rééquilibrer les points qui pourrait interagir avec la mutation du gène 🧬 et votre fertilité.

Source :

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Enciso, M., Sarasa, J., Xanthopoulou, L., Bristow, S., Bowles, M., Fragouli, E., Delhanty, J., & Wells, D. (2016). Polymorphisms in the MTHFR gene influence embryo viability and the incidence of aneuploidy. Human genetics, 135(5), 555–568. doi.org/10.1007/s00439-016-1652-z

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Cornet, D., Cohen, M., Clement, A., Amar, E., Fournols, L., Clement, P., Neveux, P., & Ménézo, Y. (2017). Association between the MTHFR-C677T isoform and structure of sperm DNA. Journal of assisted reproduction and genetics, 34(10), 1283–1288. doi.org/10.1007/s10815-017-1015-2

Clément, A. (2019, janvier). Impact des mutations du gène MTHFR en médecine (fertilité notamment) et intérêt de la prise en charge thérapeutique. Gyneco Online. www.gyneco-online.com/fertilite/impact-des-mutations-du-gene-mthfr-en-medecine-fertilite-notamment-et-interet-de-la-prise

Oliveira, K. C., Bianco, B., Verreschi, I. T., Guedes, A. D., Galera, B. B., Galera, M. F., Barbosa, C. P., & Lipay, M. V. (2008). Prevalence of the polymorphism MTHFR A1298C and not MTHFR C677T is related to chromosomal aneuploidy in Brazilian Turner Syndrome patients. Arquivos brasileiros de endocrinologia e metabologia, 52(8), 1374–1381. doi.org/10.1590/s0004-27302008000800028

Menezo, Yves. (2017). The Methylene Tetrahydrofolate Reductase (MTHFR) isoform challenge. High doses of folic acid are not a suitable option compared to 5 Methyltetrahydrofolate treatment. Clinical Obstetrics, Gynecology and Reproductive Medicine. 3. 10.15761/COGRM.1000204.

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