Les traitements conventionnels impliquent des médicaments, des hormones et dans certains cas une chirurgie. Le but de cet article est d’explorer le rôle des habitudes alimentaires sur la gestion de l’endométriose.
Avant de continuer, il faut dire qu’à ce jour, il n’existe pas une « diète » spécifique pour l’endométriose. À savoir aussi que l’alimentation ne va pas « guérir » l’endométriose. On voit circuler sur le web beaucoup de conseils qui ne sont pas nécessairement fondés sur la science, mais plus sur des observations. Alors qu’est-ce que la science nous dit?
Bien choisir le gras
Les acides gras trans, ainsi qu’un déséquilibre du ratio oméga 6/oméga 3, peuvent favoriser une augmentation de l’inflammation. Ainsi, limiter la consommation des aliments riches en gras trans qu’on retrouve dans des produits à base d’huiles hydrogénées ou partiellement hydrogénés, tels les frites, les pâtisseries et les aliments commerciaux frits est une stratégie gagnante pour gérer l’endométriose. De plus, une revue de la littérature a montré que les femmes qui ont un apport élevé en acides gras oméga-3 ont un risque diminué de développer une endométriose. En effet, les aliments riches en oméga-3 comme les poissons gras, les graines de lin et les noix de Grenoble permettent de diminuer la production des prostaglandines, substances pro-inflammatoires, et donc diminuer la douleur liée à l’inflammation.
Essayez de viser un minimum de 3 portions de poissons par semaine.
Limiter la consommation de viande rouge
Plusieurs études, entre autres une étude prospective récente qui a analysé les données de 3800 cas de femmes avec un diagnostic confirmé d’endométriose, ont trouvé qu’une consommation élevée de viande rouge était associée à un risque plus élevé d’endométriose. Un apport élevé en viande rouge a été associé à une augmentation du taux d’œstrogène. Les hormones qu’on retrouve dans les produits comme la viande rouge peuvent favoriser un environnement pro-inflammatoire. Toutefois, plusieurs études sont nécessaires pour confirmer la validité de cette hypothèse.
Considérant que la consommation de viande rouge a été liée à de nombreuses maladies chroniques, notamment le diabète, les maladies cardiovasculaires et certains cancers, les femmes atteintes d’endométriose ont un avantage de remplacer plus souvent la viande rouge par du poisson ou même par des sources de protéines végétales comme les légumineuses.
Plus de couleur dans l’assiette
Le stress oxydatif peut être impliqué dans la pathophysiologie de l’endométriose. Une alimentation riche en antioxydants aide à diminuer l’inflammation associée à ce stress oxydatif. Lors de l’évaluation du meilleur régime alimentaire pour aider à gérer l’endométriose, une étude a démontré que les femmes atteintes d’endométriose amélioraient leur santé en consommant des aliments riches en antioxydants comme les fruits, les légumes et les produits à base de végétaux. Par exemple une consommation élevée en aliments riches en vitamines C et en vitamine E peut réduire les douleurs associées à l’endométriose. De plus, les fruits et légumes sont une source importante de fibres. Les fibres améliorent le transit intestinal ce qui est essentiel au métabolisme de l’œstrogène.
Règle générale : essayez d’avoir au moins deux couleurs par repas, et au moins 4 portions de légumes et 2 portions de fruits par jour. Le plus de couleur dans votre assiette, le plus d’antioxydants!
L’approche FODMAP
La diète FODMAP a été conçue pour gérer les symptômes liés au côlon irritable. Elle consiste à éliminer pendant une période limitée des aliments riches en FODMAP dans le but final de déterminer les aliments qui déclenchent des douleurs gastriques chez les personnes qui souffrent de côlon irritable. À l’heure actuelle, la diète FODMAP peut être une approche complémentaire possible qui peut être utilisée pour les patientes atteintes d’endométriose en raison de symptômes similaires au colon irritable. Cependant, il est très important de mentionner que cette approche n’est pas recommandée à long terme et il est essentiel de travailler avec un spécialiste pour la diète FODMAP pour vous guider dans les différentes étapes.
La controverse des produits laitiers
Plusieurs ressources en ligne suggèrent de couper les produits laitiers et plus spécifiquement les produits à base de lait de vache. L’hypothèse est que les produits laitiers augmentent l’inflammation dans le corps et peuvent altérer les hormones. Cette hypothèse n’est pas fondée scientifiquement et elle est basée principalement sur des observations. En effet, une grande étude a même conclu qu’une consommation de produits laitiers est associée à un risque diminué d’endométriose.
Mon conseil, limitez les produits laitiers si vous avez des symptômes qui indiquent une intolérance au lactose comme crampes, ballonnements et gaz. De nos jours, c’est facile de trouver des boissons végétales enrichies qui nous aident à combler nos besoins en calcium et vitamine D. Toutefois, la restriction est non nécessaire si vous n’avez pas de symptômes. Assurez-vous juste de choisir des produits faibles en gras saturés et sans sucre ajouté!
Le gluten : ennemi ou ami
Peut-être la plus grande controverse en ce qui concerne l’alimentation et l’endométriose concerne le gluten. On retrouve trois pensées différentes. Certains professionnels sont d’avis que la restriction du gluten est juste nécessaire en cas de maladie cœliaque. L’autre extrême affirme que le gluten cause de l’inflammation au niveau du système digestif, une inflammation généralisée et des douleurs corporelles et donc il est nécessaire de suivre une alimentation sans gluten si on a l’endométriose. La troisième pensée est de restreindre s’il y a un impact sur les douleurs associées à l’endométriose. Personnellement, je supporte cette dernière pensée. L’idée est de suivre une diète d’élimination temporaire dans le but d’évaluer si les douleurs liées à l’endométriose diminuent suite à la restriction du gluten. Bien que les études sur le sujet soient encore limitées, les résultats d’une étude publiée en 2012 ont conclus que suivre une diète sans gluten pendant 12 mois a significativement réduit les douleurs associées à l’endométriose de 75% avec 207 femmes. Une autre étude publiée en 2015, a trouvé des résultats similaires. C’est certain que deux études ne sont pas suffisantes pour émettre des conclusions. Cependant, rien n’empêche d’essayer une diète sans gluten pour un mois et observer si les symptômes s’améliorent et si les douleurs diminuent. Toutefois, il faut noter une alimentation sans gluten implique une élimination de plusieurs grains entiers bénéfiques pour la flore intestinale. Pour compenser, il faut s’assurer de consommer régulièrement des graines riches en fibres comme le quinoa, le riz brun, l’avoine, le teff et le sarrasin pour maintenir un microbiote en santé.
Pour conclure
Les changements des habitudes alimentaires sont une approche complémentaire qui joue un rôle non négligeable dans la gestion des douleurs liées à l’endométriose. Il faut simplement garder en tête que chaque femme est différente et certaines approches conseillées dans cet article peuvent être efficaces à des femmes et non efficaces à d’autres. Si vous désirez améliorer vos habitudes alimentaires dans le but de gérer votre endométriose, consultez une diététiste-nutritionniste experte en santé des femmes pour mieux vous guider dans votre approche.
Références
- Trans fats linked to increased endometriosis risk and omega-3-rich food linked to lower risk
- Endometriosis, dysmenorrhoea and diet
- Seeing red: diet and endometriosis risk
- A prospective cohort study of Vitamins B, C, E, and multivitamin intake and endometriosis
- Effect of daily fiber intake on reproductive function: the BioCycle Study
- Dairy-Food, Calcium, Magnesium, and Vitamin D Intake and Endometriosis: A Prospective Cohort Study
- Gluten-free diet: a new strategy for management of painful endometriosis related symptoms?